Au tout début du XIXème siècle, il y eut Louise Farrenc, Fanny Mendelssohn et Clara Schumann dont la renommée marqua l’Histoire de la musique. A leur suite, dès la seconde moitié du XIXème siècle, d’autres musiciennes leur emboîtèrent le pas pour témoigner que la composition musicale n’était pas de la seule exclusivité masculine. A l’instar de Fanny, soeur du célèbre Félix Mendelssohn, elles apportèrent un démenti à la position déterminée du père de Fanny qui, écrivant à sa fille, lui expliquait : « la musique doit pour toi seulement demeurer un agrément, mais jamais la base de ton existence et de tes actes » (lettre d’Abraham Mendelssohn à sa fille Fanny, 16 juillet 1820).

Bien d’autres avant elles, et précisément au XVIème siècle, avaient tenté de montrer au monde l’erreur que commettent les hommes en pensant qu’eux seuls possèdent les dons d’intelligence et que de tels dons ne sont jamais donnés aux femmes ! Et il fallut des siècles pour y parvenir. Parmi ces pionnières, il en est quatre dont vous pourrez écouter certaines oeuvres en ce jeudi 29 mars 2012 à Brantôme.

S’agissant de Cécile Chaminade (1857-1944), il convient de remarquer que, plus que d’autres, elle fut accompagnée dans ses dons musicaux par une famille empressée de les cultiver, aussi bien que par les encouragements et le soutien de Camille Saint-Saëns, Georges Bizet et Emmanuel Chabrier. Remarquée dès 18 ans comme pianiste lors d’un premier concert, sa production musicale fut des plus importante parmi laquelle pas moins de 150 mélodies.

Beaucoup plus sensible aux préjugés hostiles de l’époque envers les artistes féminines, Mélanie Bonis (1858-1937) laisse néanmoins une oeuvre d’une extrême richesse alors qu’elle reste sans doute la compositrice la moins connue du grand public mélomane. Remarquée par César Franck, elle composa l’essentiel de ses oeuvres entre 1882 et 1914 dans les années où les aléas de sa vie familiale et sentimentale la laissaient en proie au doute et à la douleur. On remarquera cependant à son propos qu’elle occupa le poste de secrétaire de la Société nationale de Musique de 1899 à 1911 : c’était une première pour une femme !

Quant à Augusta Holmès (1847-1903), d’ascendance irlandaise, supposée filleule d’Alfred de Vigny, elle fit ses études musicales auprès de César Franck et fut la compagne du poète parnassien et critique musical Catulle Mendès. Appréciée d’Octave Mirbeau, remarquée par Pasdeloup, le célèbre organisateur de concerts populaires, cet univers lui permit de surmonter toutes les barrières sociales liées à sa condition féminine dans la pratique de la composition musicale. Une grande partie de son oeuvre est marquée du sceau d’une énergie parfois outrancière inspirée de son admiration sans limite pour Wagner qu’elle considérait comme son Dieu … Son poème symphonique Irlande rappelle le Mazeppa de Liszt.

Enfin et dans la même lignée qu’Augusta Holmès, voici Pauline Garcia (1821-1910), issue d’une illustre famille de musiciens et chanteurs d’origine espagnole. La mezzo-soprano Pauline, qui épousa Louis Viardot sur les conseils de Georges Sand, était aussi la soeur de Maria Garcia, laquelle épousa le banquier Eugène Malibran, d’où son surnom de « la Malibran ». Après son immense triomphe dans Orphée de Gluck, Pauline entra dans la légende ; la porte lui fut ouverte pour composer, se produire et, bien entendu, avoir le Tout-Paris à ses pieds. Amie de Meyerbeer, Gounod, Saint-Saëns, Chopin et Tourgueniev, elle encouragea aussi Fauré et Massenet puis se consacra, à partir de 1863, à la composition et à l’enseignement, exclusivement aux filles, de la musique.

Quelques femmes ont ainsi réussi, au gré d’occasions et de circonstances exceptionnelles à s’imposer comme de véritables compositrices. Sans battre le pavé, sans brandir de pancartes, à la seule force de leur caractère bien trempé et de leurs qualités musicales. Il n’en demeure pas moins, qu’au début du XXème siècle, en 1913, quand Lili Boulanger reçut le Prix de Rome, la Villa Médicis n’était pas du tout conçue pour recevoir des femmes … Il se dit même que le Conservatoire National français, très embarrassé à l’époque, a dû la loger en ville.  Il fallut alors modifier les habitudes !

Bonne soirée à tous ! Cathy D.

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