Sélection du Prix Brantôme 2016

de biographie historique

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Suite à la délibération des membres du Comité de lecture, le vendredi 3 juin 2016, les ouvrages présentés au Jury du Prix littéraire 2016 sont les suivants :

Jean Balcou, Ernest Renan, une Biographie, éditions Honoré Champion,

Michel del Castillo, Goya, l’énergie du néant, éditions Fayard,

Jean-Paul Clément, Charles X, le dernier Bourbon, éditions Perrin,

Jean-Clément Martin, Robespierre, la fabrication d’un monstre,  éditions Perrin.

Le Jury délibérera le samedi 3 septembre 2016 et la remise du Prix aura lieu le dimanche 9 octobre 2016,  à 11 heures, en la Salle du Conseil de l’Abbaye de Brantôme, suivie d’un apéritif convivial.


Le Prix littéraire Brantôme

 

CRÉÉ EN 2006, le prix Brantôme a pour vocation de mettre en valeur la biographie historique en langue française et de valoriser le travail des éditeurs. Le prix est doté par la Société des Amis de Brantôme d’un montant de 1000 Euros.

Gérard Bonal, Lauréat 2015

Colette

 Avec une riche et lumineuse biographie de l’écrivain Colette parue aux éditions Perrin, c’est à Gérard Bonal qu’a été attribué le Prix Brantôme de Biographie historique 2015. Les membres du jury, réunis le 5 septembre 2015, ont eu un véritable « coup de foudre » pour l’ouvrage, tant dans son écriture que dans sa construction et sa rédaction, qui a donné à tous l’envie de relire Colette.

Quand il a su la nouvelle, l’auteur a répondu ceci : « C’est  avec une très grande joie – et beaucoup de fierté je l’avoue -, que j’ai lu votre message. Que mon ouvrage donne envie à ses lecteurs de lire ou relire Colette, voilà ma plus grande fierté. Et je remercie le jury du Prix Brantôme de m’avoir choisi mais aussi d’avoir ainsi deviné mes raisons profondes. Ce prix Brantôme couronne en fait un travail de près d’un demi-siècle. J’ai, en effet, beaucoup travaillé su Colette et son oeuvre : livres, films, conférences, théâtre… Mais c’est la première fois que je me lançais dans une véritable biographie – et avec quelles angoisses … le prix Brantôme me rassure sur la valeur du livre ».

Lors de la remise du Prix, en présence de l’auteur, la présidente du jury, Anne-Marie Cocula, a dessiné de Colette le portrait qui suit :

 »   C’est un plaisir et un honneur de vous dire combien le jury du prix Brantôme se réjouit d’avoir fait de vous son lauréat 2015 à l’issue de délibérations de courte durée conclues dans l’unanimité. Il est vrai que la première phase de sélection des ouvrages par les lectrices et lecteurs de Brantôme, qui proposent au jury un premier choix, nous a facilité la tâche. Pensez donc… face à Colette se trouvaient trois personnages  masculins qui n’étaient pas pétris de tendresse envers le genre humain même si l’un d’eux était le le pape Clément V… à ses côtés se trouvaient, toujours dans l’ordre chronologique, Louvois et Fouché qui résument à eux seuls tous les dévoiements d’un excès de pouvoir dans l’ombre du Grand Siècle et de la Terreur révolutionnaire et du premier Empire tellement expert en science policière.

« Avec Colette, nous avons eu l’impression de respirer, de nous détendre et de goûter à la littérature à travers une existence d’aventurière au meilleur sens du terme, celui qui correspond à une génération féminine qui peut accéder enfin à une instruction qui lui ouvre le monde…Les unes voyagent et explorent. Les autres s’essayent au journalisme et tentent d’entrer en politique. Quelques unes enfin, à la façon de Colette, essaient de vivre une vie qui leur appartient et qu’elles modèlent à leur convenance au gré des circonstances, quitte à s’attirer reproches et critiques de celles et ceux qui ne les comprennent pas. Vous explorez très bien dans votre biographie cette distance nécessaire avec le qu’en dira-t-on où se construit le personnage de Colette inséparable de l’élaboration et du mûrissement de son œuvre  dans une nature apprivoisée à force de sensualité.

 » S’il fallait lui trouver une grande sœur au siècle de Brantôme, celui des derniers rois Valois, de François Ier à Henri III, elle s’appellerait Marguerite  et serait la plus jeune des filles d’Henri II et Catherine de Médicis, en même temps que l’épouse du roi Henri de Navarre, le futur Henri IV. Elle est plus connue dans la littérature comme Reine Margot, héroïne d’un roman d’Alexandre Dumas, séduit par les conquêtes amoureuses d’une princesse éprise d’indépendance et de liberté; Comme Colette et avec quelques siècles d’avance, et le risque d’échecs politiques et de drames, telle la Saint-Barthélemy qui noie dans le sang ses noces avec le Béarnais et qui fait d’elle le sauveur de gentilshommes protestants qui on trouvé refuge au Louvre, dans sa chambre, sous son lit.

 » Parmi ses admirateurs attirés par tant de beauté, d’intelligence et de culture, se trouvait Brantôme qui a chanté ses vertus au sens antique du terme et qui a souhaité que soit abrogée pour elle, à la mort de son dernier frère, la loi salique qui interdisait aux femmes de monter sur le trône de France. Chassée de la cour pour mauvaise conduite, exilée, emprisonnée, puis revenue en grâce sous le règne de son ex-mari, elle est la première en littérature à écrire ses Mémoires, œuvre pionnière, restée inachevée avec pour dédicataire Brantôme lui-même auquel elle reprochait de n’avoir pas dit sur elle l’exacte vérité de ses faits et gestes, de ses joies et de ses souffrances, notamment d’avoir perdu trop jeune  son père, le roi Henri II, et d’avoir dû vivre dans la grande ombre de sa mère Catherine de Médicis.

« Étonnante confession qui nous la rend très actuelle au point de la trouver sûrement aux côtés de Brantôme pour accueillir en ces lieux une autre grande écrivaine que vous nous avez donné envie de relire … Colette et Margot étaient faites pour s’entendre, pour écrire ensemble et partager les dernières années d’une longue vie qui leur apportent apaisement et sérénité ».

 

Michel Pernot,  Lauréat 2014

 

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Avec une belle unanimité, le jury a décidé d’attribuer le Prix littéraire 2014 à l’écrivain Michel Pernot pour son ouvrage Henri III, le Roi Décrié, paru aux éditions de Fallois.

En l’absence de l’auteur pour raisons de santé, c’est Bernard de Fallois lui-même, président des éditions  du même nom, qui est venu recevoir le prix, en lieu et place de Michel Pernot. Celui-ci lui avait confié un message qu’il a lu lors de la cérémonie de remise du prix. En voici le contenu :

« Je pense que vous auriez souhaité que je commente mon Henri III. Voici donc quelques données susceptibles d’éclairer les objectifs que j’ai poursuivis en rédigeant ce livre :

1.- Dresser un portrait nuancé et véridique du roi. Les historiens et les écrivains romantiques ont fait de Henri III un mauvais roi, adonné à l’homosexualité et sacrifiant les intérêts du royaume à la voracité de ses mignons de couchette. Malgré les efforts accomplis par les historiens universitaires comme Pierre Chevallier (en 1985) ou Jacqueline Boucher (en 1986), ce préjugé reste profondément ancré dans la mémoire collective des Français d’aujourd’hui. C’est pourquoi il ma paru nécessaire de remettre, une fois de plus, l’ouvrage sur le métier, quitte à prêcher dans le désert, tant est grande la force des préjugés.

2.- Rendre intelligible le désordre historique apparent de la fin du XVIe siècle. En 1987, j’ai fait paraitre, aux éditions S.E.D.E.S une synthèse sur les guerres de Religion (aujourd’hui dépassée sur de nombreux points) destinée avant tout aux étudiants. J’ai alors éprouvé de grandes difficultés à rendre clairs, même pour les lecteurs avertis, les événements complexes et mebrouillés qui caractérisent les dernières décennies du XVIe siècle, où s’imbriquent étroitement le politique et le religieux. J’ai voulu entreprendre un effort analogue à propos d’Henri III, l’un des acteurs majeurs de cette époque complexe.

3.- Prendre le pouls de l’époque. Nos contemporains sont très enclins à l’anachronisme, le péché mortel par excellence des historiens; ils mesurent tout naturellement le passé à l’aune du présent. Dans un livre destiné d’abord au grand public, j’ai voulu faire comprendre au lecteur que les réalités et les mentalités du XVIe siècle étaient fort différentes des nôtres, de façon à l’inciter à ne pas commettre ce péché. La biographie est en effet une excellente introduction à la compréhension d’une époque dans la mesure où celui dont on retrace la vie se comporte en homme de son temps, soumis aux idées et aux préjugés de son époque.

On peut s’initier parfaitement à l’histoire du XVIe siècle en étudiant les oeuvres de certains historiens actuels comme Arlette Jouanna ou en pratiquant certains auteurs du temps comme Blaise de Monluc ou encore Brantôme. Voyez ce que dit ce dernier sur les duels dont il fait l’éloge ».

Michel Pernot est Maître de conférences honoraire des universités.

 

LAURÉATS PRÉCÉDENTS

  • Catherine Weinzaepflen, Orpiment, Des Femmes,
  • Jean-Christian Petitfils, La transparence de l’aube : Mémoires de Claire Clémence, princesse de Condé, Perrin,
  • Laurent Theis, François Guizot, Fayard,
  • Jean-Pierre Thuillat, Bertran de Born : histoire et légende, Fanlac,
  • Elizabeth Coquart, La Frondeuse, Marguerite Durand, patronne de presse et féministe, Payot
  • Armand Farrachi, Michel-Ange face aux murs, Gallimard.
  • Bernard Cottret, Thomas More, Tallandier.